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Ca s’est passé il y a 50 ans : la naissance du jeu vidéo
De quand date le jeu vidéo ? Y répondre est plus compliqué qu’on ne pourrait le croire, car on identifie plusieurs expérimentations depuis les années 1950. Mais la plupart des connaisseurs sont d’accord pour dire que le jeu vidéo en tant que loisir est né il y a 50 ans, en 1972.
Notre histoire commence avec un Américain, un ingénieur en électronique du nom de Nolan Bushnell. En 1971, à 28 ans, il crée la borne d’arcade Computer Space… qui est en fait une version commerciale de Spacewar!, un jeu créé par le MIT en 1962 (une borne d’arcade est un jeu vidéo installé dans un lieu public, avec un monnayeur). Hélas, le jeu ne connaît pas le succès du fait de sa complexité, et doit se contenter de faire de la figuration dans le film Soleil Vert (1973).
Cet échec ne décourage pas notre homme. En juin 1972, il crée la société Atari avec son associé Ted Dabney. Il décroche dans la foulée un contrat avec un fabricant de flippers, Bally Entertainment, pour créer un jeu vidéo de course. N’étant pas assez nombreux, et Bushnell voulant travailler sur une nouvelle version de Computer Space, les deux associés embauchent un troisième ingénieur en électronique, Allan Alcorn. Certes, il n’y connaît rien en jeu vidéo, mais les trois hommes ont déjà travaillé ensemble. Et de toutes façons, personne n’y connait rien en jeu vidéo puisque le jeu vidéo n’existe pas encore !
Pour le former, Bushnell demande à Alcorn de créer un jeu le plus simple possible : deux raquettes, un point en mouvement et un affichage du score. Pour s’aider, Alcorn devra s’inspirer de Computer Space. Problème : Alcorn ne comprend rien aux schémas de son patron ! Il repart donc de zéro, et crée de toute pièce son propre prototype en utilisant ses compétences en électronique et son bon sens, réduisant au passage le coût de fabrication en utilisant des composants moins onéreux.
De gauche à droite : Ted Dabney, PONG, Nolan Bushnell, Fred Marincic (Directeur financier d'Atari) et Allan Alcorn, en 1973
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Connaissez-vous le PEGI ?
Un outil indispensable pour choisir un jeu vidéo adapté à son enfant quand on n’y connaît rien !
C'est en 2003 qu'est créé le PEGI - Pan European Game Information - sur le modèle de l'ESRB américain (créé en 1994)
Il s'agit d'un système d'évaluation des jeux vidéo mis en place par les éditeurs. Il n'a pas de valeur contraignante mais seulement informative, sur le contenu des jeux.
En France, l'utilisation du PEGI est obligatoire pour tout jeu vidéo, qu'il soit sur support physique ou en dématérialisé.
Sur le boitier du jeu, on trouve deux types d'icones.
Des icones en couleur indiquant l'âge recommandé d'accès au jeu. Cette icone ne détermine pas la capacité à jouer au jeu par rapport à sa complexité, mais une estimation d'âge lié à la représentation de contenus susceptibles de choquer. Classiquement la violence, la nudité ou le sexe, la grossièreté du langage...
Le PEGI retient 5 âges recommandés avec un code couleur correspondant : 3 et 7 ans (vert), 12 et 16 ans (orange), 18 ans (rouge)
A ces recommandations d’âge s’ajoutent si nécessaire des icones en noir et blanc précisant la nature du contenu "sensible", susceptible de choquer un joueur non-averti : violence, sexe, langage, usage de drogues…
Comme la signalétique mise en place par le CSA à la télévision, le PEGI est un outil indispensable à connaître pour éviter que les plus jeunes ne puissent accéder à des jeux qui ne leur sont pas destinés.
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PONG (suite)
Le bar Andy Capp’s Tavern de Sunnyvale (Californie) est choisi pour le test : il possède déjà des bornes Computer Space, et Alcorn connaît le patron. Alcorn achète dans une boutique locale un téléviseur Hitachi noir et blanc à 75$, et l’installe avec les circuits électroniques du jeu dans une boîte en bois. Le monnayeur, fixé sur le côté, est fabriqué à partir d’une boîte de lait. Pour attirer les regards, la boîte est peinte en orange, et son nom est inscrit en lettres noires sur la plaque de métal où sont installés les molettes de contrôle : PONG.
Le Andy Capp's Tavern en juillet 2022 (image Google Maps) : le bar a fermé depuis longtemps, mais le bâtiment est toujours là
Pong est donc installé dans le bar en septembre 1972. Nos ingénieurs restent un moment, boivent quelques bières, et repartent un peu déçu : manifestement, la borne n’intéresse pas grand-monde. Ca sent l’échec… ou pas. Car en quelques jours, le bouche à oreille fait son effet, et une file d’attente se forme devant le bar dès le matin uniquement pour jouer au jeu.
Surutilisée, la borne souffre. Les potentiomètres utilisés pour manipuler le jeu sont les premiers à lâcher, ayant subi une usure beaucoup plus rapide que prévue (100.000 tours selon les estimations d’Alcorn). Mais le coup de grâce arrive au bout de deux semaines : le jeu ne fonctionne carrément plus. Alcorn se déplace, ouvre la borne et découvre que la panne a été provoquée par un court-circuit… provoqué par les pièces de monnaie ayant débordé du monnayeur ! « On avait ce stupide jeu « Pong » posé là, et je sortais des pleines poignées de pièces. Vous savez, le truc tournait sans arrêt ».
PONG : le seul, l'unique !
Bushnell se trouve à Chicago pour faire la tournée des fabricants susceptibles d’être intéressés par Pong, dont son client Bailly Entertainment, quand Alcorn l’appelle pour l’informer du succès. Bushnell décide alors de garder le jeu et de le faire fabriquer par Atari. Bien sûr, il reste le problème du jeu qui devait être fourni à Bally. Pas de problème pour Bushnell qui baratine son client : il lui fournira bien un jeu, comme prévu, mais pas Pong, qui en fait n’est franchement pas terrible du tout, promis juré !
Reste à fabriquer les machines, et pour ça, il faut de l’argent. Mais les banques sont frileuses, et seule la Wells Fargo accepte de prêter 50.000$. Moins que prévu, mais mieux que rien. Atari récupère de nouveaux locaux pour installer sa chaîne d’assemblage, et Tabney met 300$ de sa poche pour acheter 50 téléviseurs. Bushnell, en bon commercial qu’il est, prend son téléphone et réussit à trouver des clients pour 300 bornes à 937$ pièce (il fallait rester sous les 1.000$)
Ne manque plus que le personnel. Atari va simplement recruter à l’agence pour l’emploi locale. La paie est à peine au-dessus du minimum légal, mais les employés bénéficient chaque vendredi soir de jeux vidéo et de bières gratuites !
Pong se vend de mieux en mieux… et c’est un problème, car la production reste artisanale et ne suit pas le rythme. Atari recrute à tour de bras directement dans la rue, les journées de travail durent jusqu’à 16h, et les conflits entre le management (les trois fondateurs) et les employés non-qualifiés et mal payés se multiplient. Ces derniers se payent en se servant dans les stocks, dans une ambiance anarchique où chacun fait ce qu’il veut. Quant aux machines produites, pas assez vite faute de moyens, beaucoup trop ne passent pas les contrôles de qualités. Atari est tout simplement victime de son succès…
Salle de jeu SS Billiards à Hopkins, Minnesota, en 1973. La borne de PONG semble (encore) bien esseulée
au milieu des bons vieux flippers et des très classiques billards...
Mais cela reste un succès. Fin 1973, Atari a reçu 2.500 commandes, et 8.000 un an plus tard. Une nouvelle histoire commence, car Atari vient tout simplement d’inventer un nouveau loisir promis à un bel avenir :
le JEU VIDEO
Pong a fait fureur. C’était la combinaison parfaite d’un jeu à deux joueurs
très social, un jeu où les femmes pouvaient être meilleures que les hommes,
et une forme d’acceptation de la nature sociale des jeux de bar.